Depuis son siège de Perpignan, FHE Group a mis au point une « batterie thermique » baptisée Inelio, qui conserve une énergie jusqu’ici « perdue ». Une innovation qui lui ouvre des perspectives sur plusieurs marchés. Les carnets de commandes sont déjà pleins.
« Aujourd’hui, les gens qui ont des panneaux solaires chez eux, ont un surplus d’énergie délesté sur le réseau, qui ne rapporte rien, rappelle Jonathan Iacono, responsable du Pôle Recherche et Développement de FHE, doté de deux millions d’euros annuels. On a voulu valoriser ce surplus d’énergie en le stockant sous forme de chaleur et de froid pour l’utiliser plus tard dans l’habitation. On répond ainsi au défi du stockage des énergies renouvelables ».
Une révolution domestique, et économique. Une fois « l’armoire » acquise, « entre 6 000 et 10 000 euros, comme une pompe à chaleur, mais il y a beaucoup d’aides », l’achat est « amorti en dix ou douze ans ».
La solution de FHE, décarbonée, sera commercialisée pour la rénovation et le neuf, et donc souvent déjà installée dans le logement par les promoteurs immobiliers. Lesquels se sont pressés il y a quelques jours à la soirée de présentation d’Inelio (seconde présentation en décembre au salon Energaïa de Montpellier). « 48 appartements construits par Angelotti à Canet ont déjà été livrés », glissait Jonathan Laloum, directeur, comme son frère, de la société familiale créée par leur père, Alain.
« On produit au Maroc pour aborder les marchés du Maghreb et d’Afrique«
Jonathan Laloum, qui aime raconter ses débuts d’entrepreneur « dans un garage », assure que ses carnets de commandes sont déjà pleins.
« Le client final ce sont les particuliers mais nous, on fournit les distributeurs de panneaux photovoltaïques par exemple qui couplent leur offre avec notre solution, détaille celui qui est précisément directeur commercial. Aujourd’hui, on a plus de demandes que d’offre ».
Il est vrai que l’usine d’où sortiront, dans un premier temps, en avril prochain, 600 « armoires » Inelio par mois (3 200 unités mensuelles à terme), est en cours de construction. Près de Casablanca, au Maroc. Une implantation guidée par des coûts moins élevés qu’en France ? Plus de 5 millions d’euros tout de même.
« Non !, jure Jonathan Laloum. D’ailleurs, ça n’a pas coûté moins cher qu’en France mais on avait besoin d’une ouverture sur l’Afrique car il y a des marchés qui se développent, au Maghreb et en Afrique noire, dans la promotion immobilière ou la conservation des aliments ».
Mais les Laloum y tiennent : « On est seul au monde à réutiliser ainsi le chaud et le froid et à produire à grande échelle. C’est une vraie révolution dans le secteur des énergies renouvelables et c’est né à Perpignan ! ».
Si la famille a choisi le Maroc pour produire, la matière grise reste au pied du Canigou. Ils viennent d’acquérir 600 nouveaux mètres carrés pour pousser les murs et embaucher « 15 personnes de plus en 2020 ».
Vers une hyper croissance
Il y a une dizaine d’années, FHE posait des panneaux photovoltaïques. « J’ai voulu aller plus loin », dit Jonathan Laloum, l’un des fils du PDG.
Bonne pioche donc avec cette batterie qui stocke l’énergie thermique et électrique, et qui annonce une forte croissance à cette société qui dégagera 5 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. « On prévoit le double en 2020 », annonce le directeur commercial qui confie ne pas avoir besoin de faire beaucoup d’efforts pour recueillir les commandes.
La R & D qui a accouché de l’innovation et la construction de l’usine au Maroc, soit 6 millions d’euros, ont ainsi été financés en propre, « plus des emprunts bancaires, mais zéro euro d’aides ».
15 embauches en 2020
La croissance attendue devrait aussi nécessiter des embauches : « 15 personnes en 2020 » qui s’ajouteront à la quarantaine déjà employée à Tecnosud. Les nouveaux venus seront notamment occupés au futur laboratoire d’essai, un « atelier » de 600 m2 bientôt construit sur le terrain mitoyen tout juste acquis.